À plusieurs reprises dans la nuit, les grondements de l’orage me réveillent. J’entends la pluie qui tombe sans discontinuer et peine à retrouver le sommeil.
Au réveil les prévisions sont aussi calamiteuses que la veille : probabilité de pluie évaluée à 90% et hauteur précipitée plutôt inquiétante. Résigné, je revêts la tenue de scaphandrier, en excluant toutefois les palmes assez peu pratiques pour pédaler.
Lorsque je sors de l’hôtel un peu avant 6 heures, à ma grande surprise, il ne pleut pas encore. Alors dans la nuit noire, j’appuie vaillament sur les pédales pour essayer de grapiller quelques minutes et réduire mon exposition aux trombes d’eau annoncées. Lorsque le jour pointe vers Saint Jean de Losne, laissant découvrir nombre de péniches et d’embarcations diverses amarrées sur les quais de la Saône, le déluge promis se fait toujours attendre.
Joueur, je pressens qu’avec un peu de chance, je resterai au sec jusqu’à Dôle. Finalement au pointage d’Orchamps au km 64, je me décide à debâcher malgré les prévisions toujours aussi pessimistes. Pour l’occasion, je constate que ces protections servent essentiellement à nous tremper de l’intérieur et à imprégner nos drilles d’une belle odeur de fauve.
J’avais imaginé des retrouvailles plus enthousiastes avec ma Franche-Comté natale. Aujourd’hui, avec cette grisaille et sur des routes souvent plates, je la trouve assez ordinaire.
Après avoir longé un moment la vallée du Doubs, je me hisse sur le premier plateau du Jura. À la faveur de l’éclaircie qui peu à peu vient, j’aperçois dans les lointains les reliefs bleutés du deuxième plateau où j’ai passé mon enfance et une partie de mon adolescence. Là-bas, c’est autrement plus beau…
Enfin en début d’après-midi le soleil s’installe. Le parcours entre forêts et pâtures ou paissent des monbéliardes devient plus plaisant.
Apres avoir passé un premier long tunnel, puis un second dont le tracé en courbe prononcée surprend, la route plonge rapidement le long du versant abrupt de la vallée du Doubs. Une dizaine de kilomètres tranquille au pied des falaises surplombant la rivière me conduisent à Baume les Dames, grosse bourgade complètement déserte en ce dimanche après-midi. Cette étape de transition ne me laissera pas un souvenir impérissable.
Seule vraie satisfaction de la journée, celle de retrouvailles avec ma cousine Pascale, la régionale de l’étape, que je n’avais pas revue depuis 1977.