Saint Just/Bruère-Allichamps/Villefranche-sur-Cher (41) 121 km – 820 m
Cette Centrionale qui comptera certainement parmi les plus difficiles de toutes mes randonnées, à égal niveau du dantesque Paris/Brest/Paris 2007, est maintenant bouclée.
Et pourquoi le taire, notre satisfaction de l’avoir terminée est grande !
Dire que cette randonnée a été belle ou plaisante serait mentir, mais à terme, je suis certain qu’elle grandira dans mes souvenirs. Peut-être qu’un jour, cette Centrionale finira par devenir « grande et belle » à nos yeux parce que, l’un comme l’autre, nous avons refusé de renoncer alors que tout se conjuguait pour nous forcer à l’abandon.
Contrairement aux apparences, ni Michel, ni moi, ne sommes masochistes ou avides de prouver un quelconque talent cycliste ; les champions sont d’une autre génération.
Alors comment justifier cette détermination à persévérer envers et contre tout ?
Cette obstination dépasse toute vanité mal placée, elle s’explique d’avantage comme un jeu consistant à « chatouiller » les limites, qu’elles soient physiques ou mentales. Et à ce jeu, les croulants ont gagné, c’est là notre seul titre de gloire !
Si dans ces conditions extrêmes pour nous, l’équipe a tenu, c’est en grande partie grace à Michel : jamais un mot de reproche pour l’avoir malencontreusement entraîné dans cette galère, jamais une saute d’humeur lors des incidents et erreurs de parcours (toujours possible même avec trois GPS, lorsque deux d’entre-eux sont défaillants). C’est Michel (75 ans) placide, imperturbable et pour tout dire le compagnon de route idéal pour le caractèriel que je peux être lorsque tout va de mal en pis.
Pour le reste, l’étape « officielle » du jour n’a été qu’une formalité : 32 km avant d’atteindre le graal, l’antique borne romaine matérialisant le centre géographique de la France sur un insignifiant carrefour de village berrichon.
Cependant au bistrot voisin, le maître de céans, entre le service d’une bière ou d’un café, s’est pris de passion pour ces drôles de clients aux allures de canaris casqués. De temps à autre, ceux-ci viennent quémander le tampon d’arrivée ou de départ ; alors le patron échange volontiers avec eux. Pour la petite histoire, ce personnage dévoué à la cause des centrionalistes a même fait fabriquer un tampon à leur intention. Il dit l’avoir attendu des lustres, et a été très désappointé lorsqu’il a constaté que le fabricant du dit accessoire avait mal orthographié ce lieu pourtant unique, pensant peut-être que « Bruyère » était plus poétique que « Bruère ».
Heureusement que l’homme des approximations toponymiques n’était pas sourd, car le lieu mythique aurait tout aussi bien pu devenir « Gruyère ».
Quand on vous dit que les Centrionales n’ont rien de sérieux, j’espère que vous nous croyez, …
PS : Michel a poursuivi jusqu’à Cérilly (03) où sa compagne est venue l’attendre. Pour ma part la folle chevauchée s’est terminée à Villefranche sur Cher pour un retour par le train, 80 km au au-delà de « Gruyère-Allichamps ».