Avec mon ami Michel MEVEL, diagonaliste auvergnat, nous projetons cette année un voyage en Italie où nous envisageons d’enchainer deux eurodiagonales entre Menton et Bari.
Afin de profiter des meilleures conditions possibles, pour ce trajet aller et retour long d’environ 2340 km pour 26 300 m de dénivelée, nous avons programmé un départ à la mi-mai.
Si je me réfère aux pages les plus visitées de ce site, il semble que l’organisation de ce type de randonnée intéresse beaucoup d’entre vous. Aussi, en vous exposant le plus concrètement possible les détails de la préparation de ce voyage, j’espère avec cet article répondre aux questions que vous vous posez sur l’organisation d’un tel périple.
Certains considéreront qu’il faut laisser une plus grande part au hasard et n’adhéreront peut-être pas à cette méthode de préparation. Pour ma part, elle me permet de rêver pendant l’hiver devant l’ordinateur et d’éviter plus tard certains désagréments en cours de route.
Le propos du jour se borne à la préparation de l’itinéraire et à l’organisation des hébergements.
PRÉPARER LE PARCOURS POUR LE GPS
En dehors de l’hexagone, la cartographie Openrunner est selon moi très insuffisante : elle ne permet pas de comprendre la hiérarchisation du réseau routier d’un pays étranger et d’évaluer correctement l’état de viabilité des routes. Aussi après avoir sommairement étudié mon parcours sur les cartes Michelin au 1/400 000°, j’ai choisi de tracer le détail de notre parcours avec EDP parcours.
Pourquoi le tracer avec EDP Parcours ?
Selon mes critères, malgré son ergonomie et son look un peu désuet EDP Parcours présente deux avantages majeurs :
1- un éventail cartographique bien adapté à la pratique cyclotouriste comprenant notamment Opentopomap et Opencyclemap, disponibles pour le monde entier
2- un interface avec Streetview offrant une visualisation nettement plus performante que celui de l’application concurrente Openrunner.
…en raison d’une cartographie pertinente
La cartograhie Opentopomap, même si elle recèle moins d’informations que la carte d’état-major IGN, reste très détaillée. Par certains aspects Opentopomap rappelle un peu le graphisme IGN. Ces cartes, reposent sur un système de contributeurs participant à un projet « Opensource ». Elles permettent de bien visualiser le relief de la région traversée et de connaitre l’état de viabilité d’une voie empruntée.
Ainsi, en découvrant la succession de viaducs et de tunnels sur une route des Abruzzes, j’ai compris que l’itinéraire tracé dans cette région montagneuse serait moins difficile qu’il semblait l’être de prime abord.
Autre avantage, à son plus fort niveau de grossissement Opentopomap révèle des données cadastrales comportant les noms des rues et les numéros des habitations. Même si ce détail peut paraitre anodin, il m’est utile pour arrêter mon parcours en un point précis, devant la maison où je serai hébergé au terme de l’étape
D’ un clic, je bascule souvent d’opentopomap vers Opencyclemap (également disponible sur Openrunner). Cette gymnastique m’a permis de trouver facilement 35 km de pistes cyclables sur la côte ligure à partir de San Remo. Mais seul l’excellent système de visualisation Streetview intégré à EDP Parcours m’a permis de vérifier que ces pistes étaient parfaitement revêtues !
À l’instar du réseau français, le réseau italien est hiérarchisé entre routes d’état, provinciales, régionales et routes ordinaires assimilables à nos voies communales. Peu porté à jouer ma vie à la roulette russe, je m’interdis en France, sauf à de très rares exceptions de randonner sur des routes nationales ou des routes départementales importantes. Cependant, désireux de remonter par les Apennins, véritable épine dorsale de l’Italie, j’ai constaté que pour cet itinéraire il n’existait pas de véritable alternative aux « Strada statale » équivalentes à nos routes nationales.
En étudiant ces cartes, j’ai constaté qu’à l’intérieur du pays ces routes d’état ne joignaient aucune ville importante et que de surcroit celles-ci se trouvaient assez éloignées les unes des autres. J’en ai déduit que pour les liaisons joignant des grandes métropoles urbaines, le transport de fret et les usagers pressés devaient emprunter majoritairement l’autoroute. J’ai alors envisagé un parcours pouvant emprunter ces voies normalement importantes.
et une visualisation interactive très performante…
Pour vérifier le bien-fondé de cette supposition de routes nationales peu fréquentées dans le centre de l’Italie, j’ai procédé par sondages successifs avec Streetview. Au hasard, j’ai pu ainsi m’assurer de la faible importance du trafic. Si de nombreux véhicules avaient été photographiés sur notre parcours, cette déduction aurait pu être contredite.
À cet effet, j’ai sollicité Pegman (le petit bonhomme jaune de Streetview). Sur EDP, les détails de la route se sont alors affichés immédiatement en plein écran et j’ai eu confirmation que mon intuition était bonne. Cette vérification faite m’a conforté dans l’idée d’opter pour un parcours empruntant parfois des « Strada stadale » sachant que le risque d’y trouver une circulation démentielle semblait limité.
Petit aparté, certains rétorqueront à juste titre que Pegman est aussi disponible chez le concurrent Openrunner. Certes, mais c’est nettement plus compliqué : il faut repérer la route empruntée dans une petite fenêtre où rien ne la distingue des autres routes. Ensuite il faut cliquer sur la route que l’on pense avoir identifiée. Et avec un peu de chance, elle finit par apparaitre dans ce petit encart…
Je trouve cette procédure alambiquée et pas vraiment pratique. Pour tout dire Openrunner propose l’option mais s’arrange pour que nous l’utilisions le moins possible. Car il faut savoir que depuis 2017 Google se fait rémunérer pour chaque clic vers Streetview. Fort logiquement, l’intérêt des fournisseurs d’applications de tracé est de nous dissuader d’y recourir. En résumé cliquer sur Pegman c’est aussi remplir l’escarcelle de Bill et consorts, qui comme chacun le sait, sont nécessiteux.
Mais revenons en Italie !
Voyager dans ce pays très accidenté implique souvent d’emprunter de nombreux tunnels qui peuvent être interdits aux cyclistes. Dans les Abruzzes, je crois en avoir dénombré plus d’une dizaine sur une seule étape ! Alors par précaution, avec Streetview j’ai méthodiquement vérifié qu’aucun panneau d’interdiction ne nous obligerait à rebrousser chemin. Et accessoirement, j’ai pu observer que peu d’automobilistes étaient présents aux abords. Seul l’avenir nous dira si la voiture Google est passée un jour ou les tifosis étaient occupés à regarder un match ou à suivre les frasques de la Cicciolina…
Autre illustration de l’intérêt d’une visualisation performante : en examinant mon parcours, en plein centre-ville de Gènes, j’ai constaté une bizarrerie de tracé avec des allers et retours assez surprenants aux abords du pont monumental. Cette singularité trouve son explication dans l’obligation d’emprunter un ascenseur pour accéder à la voie supérieure. Cette voie surplombe d’une vingtaine de mètres la rue par laquelle nous arrivons au pied du pont…
Avec EDP Parcours, j’ai généré des fichiers GPX immédiatement transférables sur mon GPS Garmin et sur mon GPS de téléphone (GPXviewer)
Petite précision d’importance, les cartes Opentopomap que j’évoque sont téléchargeables gratuitement et légalement. Elles n’ont jamais été prises en défaut, même sur mes parcours les plus tortueux, que ce soit en France, en Allemagne, en Autriche, en Espagne au Portugal ou en Grande Bretagne !
définir les étapes
Même si sur une Eurodiagonale, le cyclotourisme consiste surtout à découvrir les paysages traversés sans avoir vraiment le temps de visiter des sites ou des monuments, nous nous sommes imposés de prendre un peu de temps pour avoir un aperçu de certains lieux incontournables comme Sienne, Pise, Rome, le site de Cinque terre ou de petites villes moins connues mais néanmoins remarquables.
La première solution a consisté à choisir ces lieux comme villes étape. Pour les autres, je me suis arrangé pour que l’étape soit écourtée afin de disposer de davantage de temps pour profiter d’une ville ou d’un site sur le parcours. Mais raccourcir certaines étapes suppose nécessairement d’en allonger d’autres dont l’intérêt tient surtout au parcours.
PRÉPARER LE PARCOURS PAPIER
Même après des années d’utilisation et malgré son utilité indéniable, le GPS ne me suffit pas, je reste un inconditionnel du papier.
Comme sur mon ancien lieu de travail, j’ai la chance de disposer d’un scanner de grande largeur (environ 1,00 m), j’ai pu numériser avec une résolution de 200 dpi les 4 cartes couvrant notre périple italien. Pour certaines dépassant 1,5 m² environ, j’ai préféré les numériser sur 2 fichiers en prenant soin d’avoir un recouvrement correspondant à au moins deux plis de la carte papier. Cette précaution m’a permis d’avoir des fichiers d’une taille n’excédant pas 30 Mo afin de garder une bonne souplesse de manipulation.
Si vous n’avez pas cette facilité de scanneur de grand largeur, vous pouvez pour un prix modique faire numériser ces cartes chez un reprographe.
À partir des 4 cartes d’Italie que j’ai numérisées, j’ai sélectionné les zones de chaque carte correspondant à mon parcours avec XNview (petit utilitaire photo gratuit téléchargeable sur internet) puis je les ai collées dans Word. Chaque extrait couvre selon l’orientation et la complexité du parcours une distance variant entre 35 et 60 km. Au final il m’a fallu environ 70 extraits pour couvrir les 2450 km des parcours aller et retour
Toujours avec Word, j’ai habillé ensuite ces extraits avec toutes les indications utiles à mon parcours : jour de la randonnée, points kilométriques de l’extrait, point kilométrique sur parcours, points de contrôle
J’ai également établi la feuille d’itinéraire.
Tous ces documents (extraits présentés ici) ont été transférés sur la carte SD de mon téléphone.
Je dispose maintenant d’un vrai plan de route, il ne reste plus qu’à rouler.
SÉLECTIONNER LES HÉBERGEMENTS
Même si on peut le déplorer, le passage par des plateformes de réservation type Airbnb ou Booking est devenu incontournable pour trouver rapidement des hébergements d’un prix abordable idéalement situés. La comparaison immédiate des offres, la vérification de la disponibilité et le repérage sans ambiguïté de la localisation sont autant d’atouts pour cette formule qui accorde parfois une certaine souplesse pour annuler.
Comme beaucoup, j’ai donc utilisé une fois de plus ces plateformes qui aplanissent les difficultés de communication, car bien que ce soit la langue de mes ancêtres, je ne parle pas italien.
L’avantage du recours à ces sites de réservation est évident car il permet de détenir une réservation sure et de la programmer de longue date. En réservant pratiquement six mois à l’avance, je me suis mis en condition pour disposer des meilleures offres en terme de disponibilité et de prix.
Néanmoins sur ce projet italien, le grand prix de Monaco a contrecarré notre projet de première nuit à Menton. Malgré cette précaution de réservation anticipée, il ne restait déjà plus que des hôtels dont les prix étaient prohibitifs pour notre budget. Alors, quitte à commencer notre parcours à rebrousse-poil, nous nous sommes rabattus sur Vintimille.
Chaque fois que j’ai trouvé un hébergement, j’ai du aussi m’assurer de la mise en sécurité de nos vélos pendant la nuit. Si au beau milieu de la Toscane, cette condition a été facilement remplie, cela s’est révélé un peu plus compliqué pour Rome et Bari. Fort heureusement, sur les photos des deux locations, figuraient des balcons. J’ai donc interrogé nos deux hôtes pour savoir si les chambres se situaient à un étage assez élevé pour que nous ayons une chance de retrouver nos vélos le lendemain.
Après avoir rédigé un texte en Français sur un utilitaire de traduction (en l’occurrence Reverso), et l’avoir récupéré dans ce qui semble être la langue de Dante, j’ai pu l’adresser via la plateforme de réservation à nos futurs hôtes pour le questionner sur ces détails d’intendance.
Au fur et à mesure de ces recherches, j’ai consigné toutes ces informations sur un pense bête, bêtement intitulé « Hébergements ». Durant toute cette préparation, je l’ai complété en n’oubliant jamais l’adresse de notre lieu de séjour et les coordonnées téléphoniques de nos hôtes.
A titre indicatif, ces recherches nous ont permis de trouver des hébergements pour un prix moyen journalier de l’ordre de 42,00 € comprenant parfois le petit déjeuner. Seule concession, nous devrons souvent partager le même lit, mais entre pédaleurs, c’est souvent le cas.
Maintenant que tout est prêt, il ne nous reste plus qu’à pédaler.
Prochaines nouvelles sur ce projet italien dès le 18 mai. À bientôt !
Une réflexion au sujet de « Eurodiagonales Menton-Bari-Menton : la préparation »
La concession du partage est de taille 🙂 même après 300km ensemble j’aurais (ne pas oublier le « s ») à m’endormir dans tes bras 🙂