Étape 1 – Gipcy (03) / La Crouzille ( 63) 136 km – 1350m
Nous débutons notre Centrionale vers Les-Saintes-Maries-de-la-Mer à Gipcy (Alllier) par un prologue d’une cinquantaine de kilomètres. Il nous permet d’atteindre Saint-Amand-Montrond (Cher) lieu de départ officiel.
Sur le pas de départ, contrairement au Tour de France, le public n’est pas nombreux et pour tout dire absent. Il est vrai que Gipcy n’a pas la renommée de la capitale danoise et que deux cyclos respectivement âgés de 76 et 68 ans n’ont ni le palmarès, ni la notoriété des champions dont l’évocation des noms suffit à déplacer les foules.
Nous nous contentons donc des seuls encouragements de Jacqueline, la plus fervente supportrice de Michel et accessoirement sa compagne. Elle s’est levée avant l’aube pour transporter l’équipe infernale sur son aire d’envol.
Habituée à nos étourderies, Jacqueline avant de nous quitter nous dispense quelques recommandations afin que nul téléphone, paire de lunettes ou de gants, nul casque, portefeuille, appareil photo ou carte bancaire ne soit éparpillé sur notre route. En recevant de tels conseils, nous ressentons le vécu de la Dame de cœur de Michel. Elle a connu tous les déboires de ces deux équipiers et partagé indirectement toutes les mésaventures décrites, sans parler de celles qu’il vaut mieux oublier.
Notre envolée vers les Saintes-Maries commence sous le rayonnement de la pleine lune, finalement avalée d’un coup par un nuage arrivant au moment même où le jour se lève.
Un vent léger nous pousse sur les reliefs de la campagne bourbonnaise où paissent quantité de bovidés promis à finir sur nos barbecues. Ce souffle pour une fois favorable nous accompagne jusqu’à la forêt de Tronçais, puis a la bonne idée de s’éteindre lorsque nous virons de bord, cap au sud, à partir de Saint-Amand.
Sur des routes tranquilles, je remarque quelques coulemelles que d’abord je dédaigne, mais à force d’être nargué par cette abondance, je finis par arrêter ma monture pour remplir les sacoches.
Vingt kilomètres suffisent à les faire enfler démesurément.
Lors de la halte méridienne, à Épineuil le Fleuriel, cadre supposé de l’histoire du « Grand Maulnes », j’appelle Catherine, une cyclotouriste et mycologue de renom de l’U.C.T et lui demande conseil pour la préparation de cette cueillette miraculeuse.
Le texto accompagné d’une photo permet de lever les derniers doutes quant à la comestibilité de ces lépiotes de tout poil et d’écarter les fausses coulemelles ; Certaines bien que comestibles peuvent indisposer les cyclistes que nous sommes et à les obliger à de fréquents arrêts non programmés.
Lorsque nous arrivons à l’hôtel, les rideaux tirés et la porte fermée nous laissent un moment perplexes, car à trente lieues à la ronde on dénombre davantage de volcans que d’habitants.
En contournant le bâtiment, je finis par trouver le patron de l’hôtel affairé à la construction d’un abri. Il semble avoir oublié notre venue. Bien que le restaurant soit fermé, l’homme consent à nous cuisiner une omelette avec nos champignons, pour notre plus grand plaisir mais également pour celui de deux ouvriers pensionnaires. Tout est bien qui finit bien !
Toutefois, si demain je ne publie pas, que vous apprenez que deux ouvriers manquent à l’appel et que deux vélos de randonnée sont en vente sur le bon coin, c’est sûrement qu’une amanite aura été oubliée dans mon panier.