L’article ci-dessous est l’un des billets publiés en direct pendant la randonnée. Cette eurodiagonale est maintenant terminée. Retrouvez les publications initiales rassemblées dans le récit disponible ici : Eurodiagonale Menton-Bari-Menton
En conquérants, nous arrivons à Rome. Pour atteindre notre meublé perché au cinquième étage, après avoir composé moult codes, nous devons utiliser un ascenseur qui pourrait figurer à l’inventaire des monuments historiques de Rome. Il est si exigu que nous ne pouvons installer qu’un seul vélo redressé à la verticale, à condition de l’avoir préalablement débarrassé de la roue avant. Puis l’unique occupant, lorsqu’il a rentré le ventre pour fermer les deux demi battants et une grille, tente alors en se contorsionnant de propulser l’antique machine vers les étages. Le plus étonnant, c’est qu’on finit toujours par y arriver.
Une fois débarqués à notre étage, du haut de notre perchoir romain, nous découvrons la place Santa Maria Maggiore, bordée d’élégantes constructions qui font face à une colonne plantée au milieu de la place. Outre cette situation privilégiée, cette location dispose d’une cuisine équipée et d’une machine à laver Indesit multiprogrammes avec essorage à 1200 tours. Finalement le bonheur est à portée de main…
Mais nous sommes seuls dans notre location. Téméraires, et surtout sans indications pour l’utilisation des appareils domestiques, conscients que l’odeur d’effort qui nous colle à la peau nous rend peu fréquentables, nous entreprenons une lessive. Malheureusement, la machine semble rétive à un démarrage immédiat.
Faute de lessive en poudre, nous arrosons copieusement notre linge de liquide à laver la vaisselle en espérant que le départ différé de trois heures nous permettra de nous rhabiller avec une odeur de propre. Confiants nous partons pour visiter Rome et nous sustenter.
À notre retour, plus de trois heures plus tard, la machine n’a pas tourné. Nouvelle tentative et consigne à Michel, très petit dormeur pour sortir le linge en pleine nuit et l’étendre sur notre lit à baldaquin…
Vers une heure du matin, Michel qui a déjà son compte de sommeil, se relève et tente de s’acquitter de sa mission de « lingère ».
Grand désarroi chez les cyclos ! Malgré l’insistance, le hublot de la machine refuse désespérément de s’ouvrir. La perspective de devoir terminer la diagonale en slip et d’abandonner notre linge aux romains ne nous enthousiasme guère.
Nous entendons des conversations bruyantes provenant du palier. Pour nous sortir de ce mauvais pas, Michel vêtu de son seul slip sort et demande de l’aide aux jeunes occupés à fumer des pétards devant la cage d’ascenseur. Pour exposer le problème, il mime avec les bras la rotation du tambour en répétant avec un ton désespéré « machine à laver ». Ne parvenant pas malgré tous ses efforts à atteindre la cadence des 1200 tours de l’Indésit, il reste incompris….
Entre temps, nous avons l’idée de débrancher l’Indesit récalcitrante. Mais rien n’y fait !
Lavés la veille de toutes nos fautes par notre confession de la veille, il ne nous reste plus qu’à espérer que le très haut nous prendra en pitié et qu’un miracle nous permettra de récupérer nos drilles. L’angoisse dure un peu, tant que le hublot reste bloqué, mais à la fin de la temporisation, le loquet magnétique se débloque et nous libère de nos angoisses. J’en suis quitte pour entreprendre à cette heure avancée de la nuit une lessive à la main, suivie par une douche en tenue de cycliste pour assurer le rinçage. Pour le séchage du cuissard et du maillot, ils feront office de pyjama. Je termine ainsi la nuit allongé sur ma serviette éponge dans la tiédeur de la nuit romaine. Certains penseront que nous sommes vraiment des caricatures de machos, peu portés sur les tâches domestiques et ils auront sans doute raison…
Je vous l’ai dit, hormis celles de la Riviera ligure, les routes sont dans un état déplorable. Elles ont eu raison de notre réserve de chambre à air. Alors tels des mendiants, toute honte bue, nous n’hésitons pas à solliciter un groupe de cyclos pour qu’ils nous en cèdent une. Généreusement ils nous l’offrent. Pour marquer ce moment de solidarité cycliste, nous prenons une photo de groupe.
Pour la randonnée proprement dite, nous sommes sortis de Rome à 5h du matin, remontant les banlieues, sans rencontrer de circulation. La route jusqu’à Monte Cassino, ne présente pas vraiment d’intérêt. C’est d’abord une succession de banlieues tristes et sales, puis une route monotone jusqu’à Monte Cassino où se profilent les montagnes que nous allons devoir traverser.
Mais ça, ce sera l’histoire des jours suivants…
Une réflexion au sujet de « Indesit, ouvre-toi ! »
Si j’ai bien compris il s’en est fallu de peu pour que vous fassiez concurrence à l’émission télé « Nus et culottés », la dernière en date s’intitulait « pour le meilleur et pour le pire » mais me voilà rassurée.
Bisous et bonne route