Étape 3 : Brioude (63) / Le Bleymard (48) – 122 km – 2140 m
L’intitulé de cette troisième étape suffit à en donner la teneur : Dénivelée maximale pour une distance relativement courte.
Les 40 premiers kilomètres empruntant la haute vallée de l’Allier noyée dans les brumes matinales se laissent grignoter sans difficulté, ça monte doucement et régulièrement.
Mais à partir de Chanteuges, où la route quitte la vallée de l’Allier pour partir à l’assaut des monts de la Margeride, le profil se durcit.
Ça commence par une mise en jambes de 4 ou 5 km sur une belle route présentant des pourcentages déjà exigeants pour nos vieilles gambettes.
Puis à mi-pente, lorsque la route s’enfonce dans la forêt, le profil se redresse encore jusqu’à atteindre des valeurs de 10% sur de longues rampes.
Michel, vaillant (ceux de notre âge comprendront l’allusion …) ne lâche rien. Il s’est juré de ne jamais mettre pied à terre comme il l’avait été contraint sur cette même route lors d’un brevet de 400 km. Parfois il est à la limite de l’équilibre tant il peine, mais il tient parole.
À Saugues, pour nous remettre de cet effort nous choisissons de prendre notre pause repas dans un bar-restaurant, où une dizaine de vieilles dames se sont réunies autour d’une table.
Ne voyant aucun homme dans cette assemblée, un peu curieux, histoire de les taquiner, j’émets à haute voix l’hypothèse d’une « sortie entre filles ». La patronne me glisse discrètement : – « »c’est une rencontre de veuves ».
J’espère n’avoir blessé personne par cette maladresse.
Lorsque nous nos remettons en selle, l’exigence du parcours nous oblige à rouler à une allure très modérée. Elle nous laisse le temps d’admirer la campagne et les forêts du plateau du Gévaudan, parées des couleurs d’automne, souvent très changeantes sous la lumière qui perce ou qui disparait entre les nuages.
Si nos jambes souvent sollicitées au-delà de nos modestes forces, sont souvent mises à l’épreuve, le reste de notre être, sous perfusion d’harmonie, se délasse et s’apaise. Le silence, les paysages presque vides de toute trace de présence humaine, le regard langoureux des vaches Aubrac regardant passer le cycliste sont autant de source d’apaisement.
Pour atteindre le Bleymard, terme de notre étape, il nous faut une fois de plus écraser les pédales dans l’ascension du col du Goulet avant de dévaler 6 km de pentes vertigineuses.
Être en Lozère suppose d’être apte à se priver d’Internet. Aussi si vous souhaitez voir quelques photos de cette journée, merci de consulter ma page Facebook.